Accueil Culture «La vérité» de Hirokazu Kore-Eda à la Cité de la Culture de Tunis : Survivre à un tournage dans une autre langue…

«La vérité» de Hirokazu Kore-Eda à la Cité de la Culture de Tunis : Survivre à un tournage dans une autre langue…


Hirokazu Kore-Eda était à l’honneur durant la Semaine du film japonais à la Cinémathèque tunisienne, notamment avec son dernier film «La vérité», produit en 2019 et projeté en ouverture de la Mostra de Venise.


Un an après «Une affaire de famille», Palme d’Or au Festival de Cannes 2018, Hirokazu Kore-Eda dirige Catherine Deneuve et Juliette Binoche dans «La Vérité», drame familial en français. Le cinéaste japonais des liens familiaux ne sort d’ailleurs pas de sa thématique où le noyau central est la famille. Rappelons que «The third murder» constituait presque une exception à son cinéma de l’intimité familiale. Fabienne (Catherine Deneuve), icône du cinéma et mère de Juliette, publie ses mémoires. La publication de ses mémoires ramène sa fille et sa famille des États-Unis dans la maison familiale. Les retrouvailles vont vite tourner à la confrontation : vérités cachées, rancunes inavouées, amours impossibles, tout se déballe sous le regard désabusé des hommes. Dans le même temps, Catherine tourne un film de science-fiction où elle incarne la fille âgée d’une mère éternellement jeune.

Dans ce film, Kore-Eda prouve qu’il est assez bon pour survivre à un tournage dans une autre langue, mais pas assez pour éviter quelques dialogues maladroits. En fait il s’agit du premier film du cinéaste japonais en langue française (qu’il ne parle même pas) sur une histoire française, tourné en France avec une comédienne française en tête d’affiche (Catherine Deneuve) et avec un dispositif de tournage qui n’est pas sans nous rappeler l’esprit Truffaut comme «La nuit américaine» ou «Le dernier métro».
Le choix de Catherine Deneuve dans le rôle principal est intéressant, car on a le sentiment de voir aussi un film sur elle. Et que le scénario a été écrit autour d’elle, que son image et sa carrière ont influencé l’ensemble. Interrogé sur sa manière de s’adapter au cinéma français Hirokazu Kore-Eda a répondu : «La première chose que j’avais en tête, c’était, autant que possible, de faire ce film comme je les fais habituellement : avec le même dispositif et dans le même état d’esprit. Il ne s’agissait pas tant de faire un film français que de faire un bon film avant tout.

Je ne l’ai donc pas abordé comme un film français, mais comme un film tout court. Donc, cet aspect m’intéressait avant que le côté français n’entre dans l’équation. J’ai choisi de me focaliser sur une actrice car le personnage interprété par Catherine Deneuve amenait l’idée d’une frontière floue entre son métier et sa vie réelle». Et c’est peut-être en ce sens que ce film nous décentre puisque ce flou on le sent dans notre rapport au personnage et on a parfois du mal à savoir si Deneuve joue son propre rôle ou celui d’une vieille actrice «Garce et langue de vipère»…

Dans «La vérité», l’actrice joue dans un film qui se passe dans l’espace où elle entretient des rapports particuliers avec sa mère qui est restée «bloquée» à un certain âge alors que sa fille (Catherine Deneuve) a vieilli. Cette mise en abyme a donné au film un aspect intéressant, puisque la vie dans l’espace sert de miroir à la vie réelle où le rapport mère-fille entre Deneuve et Juliette Binoche n’est pas exempt de tensions.
Un film qui aurait pu être l’œuvre de n’importe qui d’autre, contrairement aux meilleurs films de Kore-Eda. Peut-être que c’est simplement dû au fait qu’il a choisi une langue qu’il connaît mal, mais la Vérité est par trop molle et ennuyeuse, une tendance à laquelle Kore-Eda ne nous avait pas habitués.

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